LL COOL J : Don't call it a comeback !

Publié le 03/10/2024

Mis à jour le 22/10/2024

Durée de lecture estimée : 7 minutes

JPFilla

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Nas, Rakim, Biggie ou Ice Cube sont souvent cités lors de cette figure imposée qu’est le débat sur le meilleur rappeur all-time.  Mais un autre MC a toute la légitimité pour ce débat, c’est LL Cool J. Ladies loves cool James mais le rap aussi.  

LL COOL J ET MOI. 

LL, c’est à la fois un des albums de l’année 2024 du haut de ces 56 ans et le premier single de Def Jam en 84 sorti à 16 ans.  

Ma découverte de LL doit dater de 93 ou 94. Alors en pleine découverte du hip-hop avec la scène de LA, une pile de CD arrive dans ma chambre. Du EPMD, du Beastie Boys, du Eric B & Rakim, du Public Enemy entre autres et donc du LL Cool J. Des albums de la fin des 80’s et du début des 90’s. Epoque que l’on appelle maintenant le 1er âge d'or New-Yorkais.  

Alors même si parfois, le style de cette époque me paraissait un poil désuet et moins fun que le son WestCoast, j’ai pris nombre de claques. Et notamment avec LL. Certains morceaux de Bigger And Deffer (l’ouverture avec I’m Bad !) ou de Radio me plaisaient bien mais rien à voir avec Walking With A Panther et Mama Said Knock You Out. Je dois vous avouer que le corny as fuck Two Differents Worlds issu du premier reste encore aujourd’hui un de mes petits plaisirs inavouables (Quoi ? Qu'est-ce qu’il y a ?). Mais que dire du morceau titre du second qui est, dans mon livre, un des plus grand bangers de l’histoire du rap (d’où le titre extrêmement original de l’article). Et depuis, j’ai toujours tenu le monsieur en haut de ma liste. 

LL COOL J ET NOUS. 

Si on oublie le raté 14 Shots To The Dome de 93 où LL s’inspire à la fois de la nouvelle scène New-Yorkaise et de la scène de LA, le run des années 90 de LL est assez savoureux. Les monuments hip-hop comme I Shot You ou 4,3,2,1 ont côtoyé des hits comme Lougin’, Hey Lover ou Phenomenon. Et parfois, ça a mixé les deux comme sur Hit Em High avec B Real, Method Man, Coolio et Busta Rhymes pour la B.O. de Space Jam (le vrai, pas le suivant avec le faux GOAT). 

Difficile donc, quand tu écoutes cette musique à l’époque, de passer à côté de LL Cool J. Et si on ajoute les I Need Love, Going Back To Cali, Around The Way Girl et autres Rock The Bells de ses années 80, le natif du Queens a une liste de classiques du rap assez impressionnante.  

Du moins jusqu’à l’arrivée des années 2000. Certes, il reste prolifique et ajoute quelques chouettes tubes radios à son compteur (Headsprung ou Luv U Better par exemple) mais, comme beaucoup d’autres avant lui venant des débuts du genre, le nouveau millénaire est rugueux. J’ai comme beaucoup décroché au milieu des années 2000 et l’ai laissé à son nouveau job d’acteur pour séries et films médiocres. 

Puis sans vraiment espérer un retour miracle au haut niveau, l’annonce en 2022 d’un album produit par Q Tip m’a évidemment embarqué dans une longue attente avant sa sortie. 

Et le miracle, inespéré, arriva. THE FORCE est l’un de mes albums de l’année. 

Rappelant à tout le monde son charisme derrière un micro et parfaitement servi par un Q-Tip encore une fois parfait.  James Todd Smith est sans doute le seul MC à avoir traversé 5 décennies en ayant marqué le rap dès ses débuts.  

40 ans séparent Radio et THE FORCE. 

JACK THE RIPPER. 

“LL Cool J is hard as hell 

Battle anybody I don’t care who you tell 

I Excel, they all fail” 

Voilà comment s’ouvre Rock The Bells en 1985. Plusieurs fois samplée, cette intro reste encore aujourd'hui son slogan. Et ça représente bien la facette Battle MC de LL.  

Assez vite dans sa carrière, il sera pris à parti par Kool Moe Dee.  La raison ? Il lui aurait piqué son style. Je n’ai pas particulièrement d’avis sur le sujet. Si ce n’est qu’aujourd’hui ça semblerait risible comme argument tellement la photocopieuse tourne à plein régime. 

Les hostilités seront lancées par KMD en 87 avec How You Like Me Now (et son bob Kangol sous la roue de la Jeep sur la pochette de l’album) et se termineront en 95 avec le dernier couplet du I Shot Ya de LL.  Ce duel restera comme un des plus grand. Difficile de donner un vainqueur mais face à un KMD, qui n’était clairement pas un gars à prendre à l’époque, LL fera mieux que s’en sortir et en sortira quelques un de ses classiques avec notamment Jack The Ripper et Mama Said Knock You Out. 

Un autre beef mémorable le verra face à Canibus (qui depuis ... a disparu). Ça part du “L, is that a mic on your arm ? Let me borrow that.” lancé par Canibus sur 4,3,2,1 en 97. Des mèches courtes décidément. Sauf que ... cette phrase ne sera pas sur le morceau final. LL ayant mal pris le truc, Canibus l’enlèvera de son couplet. Le plot twist est que LL, lui, écrira son couplet en réponse à ce qu’il considère à l’époque comme un manque de respect. Ce début de beef inédit amènera encore une fois LL à sortir un gros titre, le très agressif The Ripper Strikes Back en réponse au non moins Second Round KO de Canibus. 

A noter également, To Da Break Of Dawn, où, en plus de retomber sur KMD, Ice T et MC Hammer en prendront aussi pour leur grade.  

Celui que l’on appelle également Jack The Ripper a donc de maintes fois été dans la mêlée sans jamais se dérober.  

LADIES LOVES COOL JAMES. 

Mais LL Cool J a d’autres cordes à son arc. Avec son premier gros succès populaire I Need Love, il s’attire une nouvelle audience. Celle des lovesongs hip-hop. On pourrait trouver ça audacieux dans un genre dont le ravalement de façade est encore frais (Radio ayant marqué le tournant entre le Rap Disco des débuts et le Rap Ghettoblaster de l'âge d’or) mais à cette époque un genre naissant pour ceux qui voulaient faire des lovesongs sur des beats hip-hop était en train de débarquer, le New Jack Swing. Donc rien d’étonnant à voir un mec du rap, avec un patronyme comme ça, ne pas hésiter à aller dans cette direction.  

D’autres succès dans le genre accompagneront LL tout le long de sa carrière. Doin’ It, Around The Way Girl, Loungin, Luv U Better ou évidement Hey Lover avec les Boyz II Men.  

Certains lui reprocheront cette facette de sa carrière mais force est de constater que le gars maitrise ce genre et qu'aujourd'hui encore, rares sont ceux pouvant se targuer de faire ou d’avoir fait aussi bien que lui dans le domaine. 

MR. SMITH. 

Le dernier angle notable de sa carrière est son gout pour les gros morceaux collaboratifs. Le remix de I Shot Ya évidement, monument avec Prodigy, Fat Joe, Foxy Brown et Keith Murray. Mais aussi Hit Em High avec Coolio, B Real, Busta Rhymes et Method Man. Des morceaux qui tournent encore et encore aujourd’hui et souvent reflet d’une époque où les meilleurs MC n’hésitaient pas à se mettre en concurrence sur la même prod. Par défi et égo. Chacun voulant sortir le meilleur couplet.  

On pense aussi au remix de Flava In Ya Ear de Craig Mack sur lequel se bastonnent Biggie, Busta, Rampage et donc LL. Encore un classique. 

Il amènera ce terrain de jeu sur certains de ses albums, sans craintes. Le fameux 4,3,2,1, avec Canibus donc mais aussi Redman, Method Man et DMX (et Master P sur la version longue) ou encore U Can’t Fuck with Me avec Snoop, Jayo Felony et Xzibit sur G.O.A.T. 

Que des bangers voir des hymnes hip-hop pour certains.  

ALORS POURQUOI LL COOL J N’EST PAS PLUS CONSIDÉRÉ ? 

J’ai regardé quelques réactions au clip de Murdergram Deux. Moyenne d'âge bien supérieur à 30 ans (souvent des quarantenaires voire plus), les plus jeunes venant en premier lieu pour Eminem. Et systématiquement, la première réaction est “Bordel, le gars à 60 ans ?”. 

La versatilité est sa force. Armé pour les battles, les clubs et les sérénades. LL a donc touché tous les publics. Et si c’était ça le problème ?  

Connu par le grand public pour ses hits radios mais aussi ses rôles à la télé ou au ciné, un peu comme Ice T, le public de puriste aimerait alors le mettre de côté ? 

Difficile à comprendre. Avec des beefs mémorables avec Kool Moe Dee et Canibus (et d’autres ... Ice T, Jay-z ? … ), il ne s’est jamais échappé derrière le micro. On aime bien ça normalement. 

Produit par Rick Rubin, The Bomb Squad, Marley Marl, Erick Sermon, Havoc, The Neptunes et tout dernièrement Q Tip. Intronisé au Hall Of Fame, le gars semble plus que jamais respecté dans le milieu. 

Alors pourquoi n’est-il pas plus considéré dans la liste des top ever ? 

De mon point de vue, par méconnaissance pour un certain public rap qui va te sortir, sans tousser, un Lil Wayne ou une Nicki Minaj dans un top 10. Et sans doute trop crossover pour le puriste qui n’aime pas trop que son top MC soit connu par tata. 

Toujours est-il que quand j’écoute THE FORCE et que je regarde la vidéo de Murdergram Deux, j’ai du mal à ne pas le mettre très haut dans ma liste.  

La culture de l’instant ? Non, cela fait 40 ans que c’est l'instant de LL !! 

BONUS.