Publié le 03/09/2024
Mis à jour le 14/09/2024
Durée de lecture estimée : 4 minutes
Akram
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Jayelectronica est et restera pour moi une énigme. Un artiste qui m’aura hypé au plus haut point après The Pledge et les deux Exhibit A & C puis… de longues années à attendre son premier solo Act II : The Patents of Nobility (The Turn) qui ne sortira finalement jamais, enfin si quelques jours sur les plateformes de streaming puis il finira par être supprimé pour des problèmes de samples non clear.
Et c’est bien dommage tant cet album reflète bien ce qu’était l’artiste, oui on peut parler au passé parce que je pense que nous n’aurons plus la chance de le voir sur un long format. Il aura bien tenté un album en duo avec Jay-Z qui l’a signé entre temps sur Roc Nation, album anecdotique pour ma part tant il ne permet pas de confirmer le talent entrevu par le passé. Depuis Jayelec c’est du temps passé avec Kate Rothschild à Londres… et des verses ici et là, parfois très qualitatif, parfois moins. Je ne vais pas vous faire l’analyse de sa carrière certainement ratée, il assume et semble en plus en être fier.
J’avais juste envie de vous partager les références cinématographiques de The Pledge. Ce morceau de 9 minutes est quelque chose qui a marqué ma vie d’auditeur de Rap. Une track pleine de classe, de samples vocaux qui ont tous un sens, une track qui reflète bien la folie de l’artiste.
J’espère que cet article permettra à certains d’entre vous de regarder quelques très grands films, parce qu’en plus d’être un très grand rappeur mixé à un putain de feignant, Jayelec a clairement de très bon gout cinématographiquement parlant.
Act 1 – Eternal Sunshine of the Spotless Mind
« She say she never fell in love with a Superman
Christian, Muslim, Protestant, Lutheran »
La première référence est bien évidemment celle faite à Eternal Sunshine of the Spotless Mind, incroyable film porté par Kate Winsley et Jim Carrey ! Pour le coup Jay sample sur la totalité des 4 actes l’OST du film. Cette incroyable OST produite par Jon Brion est une ode à la mélancolie, il saura sublimer ces instrus. D’ailleurs cette première piste se termine par une référence directe au film ‘Eternal Sunshine of the Spotless Mind’ du plus bel effet.
Act 2 – Because he Broke the rules.
« A one-way ticket, don't look back
One cold tear that froze and cracked »
Le morceau commence par un dialogue issu de ‘Willy Wonka & the Chocolate Factory’ connu en France sous le nom de Charlie et la chocolaterie, l’importance du mixe est à noter, la fin du dialogue et le fait d’accentuer le fameux ‘You lose ! Good day, sir !‘ est très important pour la suite du morceau et l’impact que peut avoir ce dialogue ou Willie Wonka/Charlie se met en colère suite à l’importance d’un contrat non tenu. Ces paroles ont une teneur particulière parce que dans cette partie JayElec analyse traite aussi du fait que l’être humain n’est pas spécialement fiable.
Act 3 – Voodo Man
« Voodoo man, civilize the savage »
Le début de ce morceau m’a permis de découvrir un film poignant, qui m’aura ému aux larmes. Le film en question « Les tortues volent aussi », Turtle can fly du réalisateur Iranien Bahman Ghobadi, un Kurde Iranien pour être précis, film sorti en 2004. Sur cette partie, Jay continue de questionner ce que peut être ou faire l’être humain, il est important de noter que c’est le premier film tourné en Irak après le renversement de Saddam Hussein, dictateur qui aura commis le génocide Kurde d’Anfal en 1988, les chiffres officiels montent jusqu’à 180 000 assassinés.
Le plot : « Dans un camp de réfugiés kurdes à la frontière de l’Irak et de la Turquie et à la veille de l’invasion de l’Irak en 2003. L’installeur des satellites de treize ans, Kak Satellite est connu pour installer des soucoupes et des antennes chez les villageois des environs qui souhaiteraient avoir des nouvelles de Saddam Hussein, et pour son savoir limité de l’anglais... » J’arrête la afin de ne pas vous spoiler mais si vous avez la chance de ne pas avoir vu ce film, faites en sorte de le voir rapidement, c’est vraiment le genre de film qui prend aux tripes et dont l’histoire ne peut laisser personne indifférent. Par ailleurs, pour saisir l’importance de ce dialogue il faut avoir vu le film. La track et ce passage en particulier prendra une tout autre saveur ensuite.
Act 4 – FYI
« Are you watching closely ? »
Le morceau débute par un discours d’Elijah Muhammad de la Nation of Islam, dont Jay Electronica est membre et fervent admirateur de son leader « Don’t get me wrong now. Don’t make a mistake in thinking that I’m telling you this was the beginning of the man on the Earth. Fifty thousand years ago is like telling you thirty days ago or ten days ago or five days ago, to the age of the universe. We have no exact record of it but it runs way into the trillions » La aussi le choix n’est pas anodin.
Jay dès son premier morceau a choisi un passage ou Elijah Muhammad parle de la spiritualité, élément qui caractérisait clairement jayElec au début de sa carrière. Il a toujours eu un côté mystique chez lui et une recherche indéniable de spiritualité (sisi rappelez-vous sa vidéo totalement WTF au Népal).
Le morceau se termine par un second dialogue de Charlie et la Chocolaterie, mais surtout par une phrase très succincte via le fameux ‘Are You Watching Closely ?’ repris du film de Christopher Nolan : The Prestige. Film qui mène le spectateur par le bout du nez et par ce choix, le rappeur vous pose aussi directement la question, avez-vous compris ou il voulait en venir ?
Par des choix intimes tous liés au cinéma et à ses films préférés, Jay Electronica aura certainement offert aux auditeurs sa track la plus personnelle et ce dès le début de sa carrière, un morceau qui raisonne toujours en moi plusieurs 15 ans après sa sortie.