THE NEPTUNES SOUND : L’incroyable épopée de Chad Hugo x Pharrell Williams - Pharrell

Publié le 10/10/2024

Mis à jour le 21/10/2024

Durée de lecture estimée : 19 minutes

Akram

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Pharrell

« Spending time with Pharrell is experiencing a hurricane of ideas. His music is borne out of a thirst for the knowledge of everything — painting, writing, science, psychology, history. But it’s not a cold intellect that informs his art. At the center is a steadfast real concern for the human condition, and the charm he brings to his work is grounded in genuine love for his fellow man. »

Hans Zimmer pour Variety

Précédemment :

 Partie 1 -> Introduction / Partie 2 -> Ma Rencontre avec The Neptunes / Partie 3 -> Teddy Riley / Partie 4 -> Chad

À la veille de la sortie du film retraçant sa vie sous forme de Lego : Piece by Piece, nous allons maintenant aborder le sujet Pharrell.

Pêle-mêle, en 2023 Pharrell en plus d’être un producteur plus ou moins actif c'est : une marque de cosmétique végétalien du nom d’Humanrace, deux marques de vêtements, qu’il a depuis deux décennies, du nom de Ice Cream et Billionnaire Boys Club, souvent raccourci en BBC, marque qu’il détient avec Nigo qui n’est autre que le créateur artistique de Kenzo. Un partenariat avec Adidas pour une ligne de vêtement sur le très long terme, il s’est d’ailleurs engagé à ce que sa ligne de vêtement soit fait à partir de matériaux recyclés. Il s’est lancé dans la sculpture quelques temps avec Takashi Murakami qui lui est un plasticien, une icône dont les œuvres sont parmi les plus chères du monde en 2023. il a été juré de la version américaine de The Voice, il a pris le temps de créer son propre média, I Am Other qui, via une chaine Youtube, propose du contenu divers en plus de promouvoir le reste de ses actifs. Producteur de différents documentaires, il est philanthrope et aide beaucoup d’associations… Enfin Pharrell c’est des partenariats un peu partout comme avec Moncler, G Star, Uniqlo, Chanel et je dois en oublier un bon paquet…

L'info la plus importante dans ces partenariats, c'est qu'il est devenu en février 2023 le nouveau directeur créatif de Louis Vuitton et devient le successeur du regretté Virgil Abloh. On ne va pas épiloguer la dessus, ce n'est pas l'objectif de cet article, mais force est de constater que Pharrell a appliqué à la lettre le mindstate d'entrepreneur qu'il a toujours vanté. Selon internet, sa valeur en 2023 s’estimerait à 250 millions de dollars, rien que ça.

En 2024, j'ai du mal à me retrouver dans l'artiste et ses prises de positions, ses photos avec Macron et je dois avouer que je pense qu'il s'est perdu et ne lutte plus pour une cause large mais qu'il a décidé de lutter pour son propre intérêt.

Une fois que nous avons abordé ces thèmes, nous comprenons que sa trajectoire et son ambition furent dès le départ très différentes de celles de Chad. Mon propos n’est donc pas de juger ce qu’il fait, ce qu’il possède (tant mieux pour lui), sa réussite (il la mérite) surtout qu’il met pas mal de moyens en œuvres dans sa ville natale pour donner accès à la musique aux enfants ou bien via son média afin d’aider la communauté noire.

Tout comme Chad je vais plutôt essayer de comprendre le cheminement qui l'a mené à dominer le monde de la musique.

Jeunesse

Né le 5 avril 1973, Pharrell Lanscilo Williams a deux frères, il est le fils ainé de Carolyn Williams, enseignante et de Pharoah Williams, homme à tout faire, un « handyman » job très fréquent aux Etats-Unis. Il parle de la musique et de son enfance ainsi lors d’un échange avec Rick Rubin pour GQ :

« Ils (ses parents) écoutaient beaucoup de musique, tout le temps. La musique était dans notre environnement, c’était comme aller à l'église, tu vois, tu montes dans la voiture et tu écoutes de la musique, on en écoutait beaucoup à la maison et à l'église aussi, c'était toujours quelque chose »

Pharrell apprend très jeune la batterie et devient l’un des percussionnistes dans la fanfare du lycée, fanfare dont Chad est le meneur par ailleurs. Il déclare dans une interview que de faire uniquement ce que lui demande son prof Alan Sharps l’ennuie vite et que dès que ce dernier avait le dos tourné il s’amusait à jouer Bonita Applebum d’A Tribe Called Quest

On arrive en 1991, Pharrell est dans sa dernière année de lycée et reste très actif dans le milieu de la musique de Virgina Beach.

Il mène deux fronts musicalement parlant, le premier dans la production de beat avec son groupe avec Chad : The Neptunes, le second où il rap avec trois amis à lui : Timbaland, oui oui le Timbaland, qui à cette époque se fait appeler DJ Timmy Tim, Magoo (Rest in Poetry) qui restera un proche de Timbaland avec qui il sortira trois albums et enfin Larry Live. Ce dernier restera dans le monde de la musique de façon plus discrète. Ce supergroupe se fera appeler Surrounded By Idiots, S.B.I.

Rien ne sortira vraiment de S.B.I., ils s’amuseront à enregistrer une demo tape de 51 minutes qui fera son apparition sur le net en 2015, la voici :

On y ressent grandement l’influence d’A Tribe Called Quest et des De La Soul, groupe que Pharrell a rapidement reconnu comme une grande source d’inspiration récemment lors d’une interview avec The Guardian, concernant A Tribe Called Quest il ira même jusqu’à dire.

« A Tribe Called Quest is the reason why we do music »

Il dira également dans l’émission DrinkChamp que le morceau qu’il aurait aimé produire l’excellent Lyrics To Go toujours des Tribe, disponible sur l’album Midnight Marauders sorti en 1993, qui est à mon humble avis, si je peux me permettre, un des meilleurs albums de l’histoire du Rap.

Pour l’anecdote, sur le 5ème album Solo de Busta Rhymes, Genesis, qui marque les premières collaborations entre le duo et le mc, sur le son « As I Come Back », les Neptunes prendront un malin plaisir à refaire rhymer Busta Rhymes ce qu’il disait sur le son Scenario d’ATCQ*

 « Unh! Unh! Unh! All over the track, man
Unh, pardon me, unh! As I come back ! »

Autre anecdote que j’aime beaucoup, toujours durant l’émission DrinkChamp, NORE raconte que lorsqu’il s’est retrouvé en studio à Virginia Beach pour enregistrer Superthug, il avait été incroyablement surpris par la capacité de Pharrell à diriger un artiste en lui expliquant l’importance d’un refrain qui reste en tête et lui a donné comme conseil de s’imprégner des albums des Jungle Brother. Il est clair que Pharrell a vécu la naissance du Hip Hop et a su en tirer parti. C'est un des traits et des talents qu'il faut reconnaitre à Pharrell, il sait diriger, il sait composer et il sait écrire d'une façon incroyablement talentueuse, c'est le complément parfait pour Chad.

Influences

Pharrell est un produit de l’ère des Native Tongues. Qu’est-ce que les Native Tongues ? Les Native Tongues sont un collectif Hip Hop regroupant les Jungles Brothers, De La Soul et A Tribe Called Quest. En France on ne se rend pas bien compte de l'impact que ces groupes ont pu avoir sur le jeune noir américain mais ce fut une déflagration, loin du Rap revendicatif de Public Enemy ou N.W.A.

Mouvement qui prêche l’ouverture d’esprit via des thèmes récurrent, l’amour, la paix, la spiritualité et la joie par tous les moyens possibles. Ils utilisent bon nombre de samples accompagnés de sons jazzy et seront les piliers et précurseurs de ce que l’on peut appeler la mouvance du jazz rap. Ce Rap plein de bonnes ondes a été primordial dans l'approche de la musique pour beaucoup de prodo du milieu des années 90.

Chez Drink Champ, Pharrell dira :

« Tous les représentants de la Native Tongues ont libéré tant d'entre nous. À l'époque où je skatais, De La Soul, A Tribe Called Quest, Jungle Brothers, Black Sheep, Latifah (pour Queen Latifah) était là, KMD était là, Leader of the New School aussi ... toute cette énergie nous a libérés. Cette représentation n'était pas comme les autres »

Il est important de comprendre d’où vient Pharrell, c’est un pur produit de la Native Tongues.

D’ailleurs, petite anecdote concernant Pharrell et l’impact qu’a pu avoir la Native Tongues et A Tribe Called Quest en particulier sur sa perception de la musique : il est un artiste doté de synesthésie. J’ai découvert l’approche durant mes recherches pour l'article, pour définir ce qu’est la synesthésie c’est simple: lorsqu’une personne écoute de la musique, elle y lie et visualise directement des formes ou des couleurs, pour Pharrell ce sera des couleurs. Il expliquera les choses assez simplement et de manière très concrète lors de son échange avec Rick Rubin.

Il dit que lorsqu’il a écouté People's Instinctive Travels et The Paths of Rhythm de A Tribe Called Quest, il était clair qu'il avait touché à l’expérience d'écoute la plus fondamentale de sa vie, il continue en décrivant une réaction synesthésique à deux chansons en particulier:

« Quand j'ai entendu Footprints, j'ai eu l'impression qu'il était 23 heures. Pleine lune, bleu concorde, il y a du violet là-dedans et le beige de la lune. C'est ce que j'ai entendu. Et j'ai entendu ça en boucle. Et c'était comme une alchimie pour moi » Il ajoute « Ces accords sont nocturnes. Je ne vois pas le soleil quand j'entends ça. Puis quand j'ai entendu Bonita Applebum, c'était comme la journée pour moi, c'était un peu bleu avec des roses dedans. Et j’étais, comme wow, OK, c'est fou. C'est du rap qui me fait penser aux couleurs comme la musique de Stevie Wonder me fait penser aux couleurs. Je n'avais jamais vécu cela auparavant »

Le titre du troisième album des N*E*R*D viendra d’ailleurs de la… Seeing Sounds. Très peu d’artiste sont dotés de ce don, quelques exemples assez parlants : Van Gogh, Duke Ellington ou bien encore Stevie Wonder !

En dehors de la musique, Pharrell a toujours apprécié le Skateboard, au point de sortir son premier album solo, In My Mind, avec le pseudo de Skateboard P. C’est une activité que nous le verrons faire dans plusieurs clips de N*E*R*D, on peut aussi trouver beaucoup de vidéos où il en fait, par exemple dans le DVD qui accompagne la sortie de la compilation Clones, on le voit se défouler entre deux séances studio dans un petit skate-park qu’il a fait installer.

Mais je me suis égaré et revenons au sujet. Bien que très actif dans la musique, Pharrell obtient son diplôme au lycée et tente l’université mais il arrêtera rapidement afin de consacrer sa vie à la musique.

De la prod à la surenchère de hook

Nous sommes donc en 1992 et Teddy Riley organise son concours de musique que lui et Chad remportent. Le duo, qui se fait déjà appeler The Neptunes, se retrouvent donc à faire des vas et vient régulier au studio de ce dernier à Virginia Beach et Pharrell finira par écrire le couplet de rap de Teddy Riley sur le single multi Platinium, Rump Shaker, premier vrai pas dans l’industrie du disque pour le duo, même si seul Pharrell contribue à l’écriture du morceau, ils comprennent que c’est possible, mais la machine n’est pas encore tout à fait lancée, il faudra continuer l’apprentissage.

Sur cette période, Pharrell dira lors de son passage chez Drink Champ :

« En côtoyant Teddy Riley, je me suis rendu compte que les gars de l’industrie sont des vampires. De plus, Teddy, m’a montré à quel point le monde nocturne apporte de la créativité »

4 ans passent, 1996, ils sont toujours sous la protection de Teddy Riley mais vont enfin pouvoir produire leur premier morceau Use Your Heart pour le groupe de RnB SWV. Pharrell co-écrit le morceau en plus de le produire au sein de The Neptunes, le morceau entre dans les charts et se placera même 22ème du Billboard Top 100.

Comme dit plus haut, la machine se lancera vraiment en 1998 avec une suite de hits qui marqueront le son des Neptunes. Pour parler de Pharrell, je me dois d’analyser sa touche et elle est indéniable. Il aura vite compris que pour se démarquer il faut un son différent, mais ça c’est le taf qu’il fait depuis les débuts avec Chad. Lui va aller plus loin en n’hésitant pas une seule seconde à se mettre en avant, absolument tout le temps.

Ça commence par des adlibs sur Superthug et ce sera définitivement lancé lorsqu’il décidera de poser des refrains entiers. Entre 99 et 2000 il enchaine en posant sur : Oh No et Cocaïne Business de Noreaga, Recognize d’Ol’ Dirty Bastard, un remix pour les Backstreet Boyz, Jamaïca Way et Girl Dems Sugar pour le chanteur de Reggae Beenie Man, un remix pour Prince en compagnie de Q-Tip de A Tribe Called Quest (une petite merveille comme morceau si je peux me permettre), What’s That Sound pour Lord Tariq x Peter Gunz, Southern Hospitality de Ludacris, Wait a Minute de Ray-J, Shake Ya Ass de Mystikal et enfin Jay-Z avec I Just Wanna Love You (Give It To Me)

A l’écoute de ces morceaux, Pharrell commence par des adlibs discrets mais monte vite en puissance et comprend que s’il veut marquer un peu plus les esprits, il doit poser des refrains. Des refrains qui restent bien dans la tête et c’est indéniablement cet aspect qui, en plus de produire des beats aux sons différents, sera la meilleure promotion du binôme.

La machine est définitivement lancée fin 2000 et c'est la qu'indéniablement, ce qu’on appelle The Neptunes Sound, marquera de son empreinte la musique de son époque. C’est là que les choses changent en grand. En très grand.

Chad dans l’ombre, Pharrell, lui, va prendre la lumière et il va parfaitement s’adapter à celle-ci, il sera présent absolument partout.

Pas mal de vidéos nous montrent le génie de Pharrell en tant que songwriter et de chef d’orchestre avec les artistes. Une vidéo avec le regretté Ol’Dirty Bastard nous montre comment Pharrell le conseille avant de poser son verse sur Pop Shit. ODB semble un peu perdu sur ce qu’attend Pharrell de lui, en chef d’orchestre il lui dit « j’ai besoin de toi, de tes adlibs ». Il le dirige, lui donne de la confiance puis ODB entre en cabine et nous pose un début de morceau tout simplement fou. Le résultat est disponible sur la compilation Clones sortie en 2003.

Autre moment en studio intéressant disponible sur Youtube là aussi, on le voit jouer du piano pour une inconnue, du nom de Natasha Ramos. Il fait le beat en direct, compose les paroles quasi instantanément afin que l’artiste en face de lui, qui a l’air de s’ennuyer, puisse ensuite enregistrer le morceau.

Au travers des moments que j’ai pu voir de lui en studio durant les sessions de la grande époque, c’est à dire 2000/2010, il est indéniable que Pharrell est un meneur d’artiste hors pair et ça explique aussi la confiance qu’il a en lui et ce qui lui a permis de poser sur autant de morceaux. Peu importe l’artiste qu’il avait en face il sait s'adapter, il sait comment lui faire poser un morceau, il impressionne et marque les esprits.

On le verra aussi dans tout type d’émissions comme Diary (une caméra te suit quelques temps dans l’intimité) et des milliers d’interviews plus tard, une chose est évidente, il maitrise parfaitement le jeu des médias, aucune faute, gendre parfait, discours souvent lisse, moins au début mais surtout depuis qu’il est une personnalité public, tel un caméléon il a su prendre ce qu’il fallait prendre pour faire sa promotion avec rarement un mot plus haut que l’autre et un discours trop maitrisé pour me parler vraiment.

Une chose est néanmoins évidente, Pharrell est un showman, un artiste capable de superbes performances Lives, jamais en playback d’ailleurs, regard souvent fixe vers la caméra, comme lors du concert pendant le All Star Game 2014, qui prouve une confiance en soi sans faille.

In My Mind

Je ne vais pas m’atteler à juger la personnalité de Pharrell, chacun peut se faire sa propre idée, ce que je vois c’est un artiste qui en plus d’avoir bosser pour The Neptunes a eu bon nombre d’autres B Sides Projects. Un album solo en 2006 In My Mind lorsque la hype The Neptunes était à son climax. Bilan ? Un semi échec, coincé entre le Rap et le RnB, l’album ne trouve pas spécialement son public.

L’album surprend peu malgré un gros casting : Gwen Stefani de No Doubt et Jamie Cullum pour le côté Pop mais également Snoop Dogg, Slim Thug, Pusha T, Nelly et Kanye West pour le côté Rap US. Beaucoup l’utiliseront d’ailleurs comme exemple pour donner encore plus d’importance à l’impact de Chad au sein des Neptunes, à juste titre certainement. Un échec à 400 000 copies vendues aux Etats-Unis...

Le public se tournera d’ailleurs vers un réenregistrement de l’album ou Pharrell convia les Roots Questlove et James Poyser pour retravailler toutes les tracks. Le rendu final offre un album aux sonorités plus lives, moins ternes, plus profondes et bien meilleures. Malheureusement rien n’est jamais sortie officiellement mais le LP est facilement trouvable sur la toile…

En solo, il faudra d’ailleurs attendre 2014, soit 8 ans afin que Pharrell se décide de sortir un nouvel album : GIRL.

1 400 000 ventes pour le coup, porté par l’incroyable succès du single HAPPY de Moi Moche et Méchant 2, morceau qui finira numéro 1 sur quasi absolument tous les charts de la planète. C’est à ce moment-là d’ailleurs qu’en général vos grands-mères ont pu mettre un visage sur qui est Pharrell Williams ! L’album est clairement plus Pop et Pharrell a totalement abandonné le côté Rap. Trois featurings : Justin Timberlake sur le morceau Brand New, Alicia Keys sur le morceau Know Who You Are et surtout les Daft Punk à la prod et au refrain du morceau Gust of Wind, mon préféré de l’album.

Les Daft Punk lui rendant la pareille, ils ont trusté le sommet de tous les charts un an auparavant avec l’incroyable Random Access Memories ou Pharrell posera parfaitement sur deux morceaux, Lose Yourself to Dance mais surtout le premier single de l’album Get Lucky, qui sera une vraie déferlante, son refrain entrainant et entêtant, hommage à la disco, funk d’antan, merci Niles Roger pour les travaux.

Depuis la fin des années 2000, Chad et Pharrell n’hésitent plus à produire chacun de leur côté, avec une assiduité bien plus importante pour Pharrell, qui même en 2022 continue de produire pour les plus grands artistes du Rap Us, Kendrick Lamar notamment pour Mr Morale & The Big Steppers ou encore la moitié des tracks du dernier solo de Pusha T, It’s Almost Dry.

Ça ne l’empêche pas de faire des braquages ici et là comme par exemple, le beat très moyen, pour pas dire mauvais, qu’il a pu refiler à Jack Harlow. Il est indéniable qu’il sait quel artiste il a en face de lui et que la qualité de son travail s’en ressent grandement à mon sens.

OST

Depuis quelques années, Pharrell s’est également mis à la production d’OST de film et il s’est notamment rapproché de la pointure Hans Zimmer : Gladiator, Pearl Harbor, la trilogie Batman de Nolan, Inception, Interstellar ou plus récemment Dune c’est lui. Tel un élève qui reste dans l’ombre il a joué uniquement de la batterie sur l’OST de The Amazing Spider-Man 2 avec une soif d’apprendre toujours présente mais différente du jeune Pharrell.

En 2016 il sera même producteur et compositeur de l’OST du film Hidden Figures, qui est l’adaptation du bouquin de Margot Lee Shetterly racontant l’histoire de trois calculatrices afro-américaines Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson qui ont contribué aux programmes aéronautiques et spatiaux de la National Aeronautics and Space Administration (NASA).

Il sera même nominé aux Grammy et aux Golden Globes pour son taf sur cette OST.

Est-ce que d’avoir tout réussi dans la musique l’a rendu moins productif ? Je ne sais pas, ce que je sais cependant c’est que Pharrell reste un bourreau de travail. A la question qui est le meilleur producteur de l’histoire ? il répond sans une once d’hésitation Quincy Jones. Quincy est un jazzman de formation qui a régné en maitre sur le monde de la pop avec la trilogie Off The Wall, Thriller et Bad de Michael Jackson, avant de devenir producteur de musique de film et d’allier son talent à Steven Spielberg pour être un des producteurs du film à succès La Couleur Pourpre. Et si la suite pour Pharrell se trouvait à Hollywood, non pas dans un studio d’enregistrement où il conseille un artiste en cabine, mais plutôt du côté de l’investissement et la production de film ? C’est à voir.

Entrepreneur

Jay-Z rappait « I’m not a businessman, i’m a business, Man » je pense que c’est une phrase qui résume plutôt bien le Pharrell de 2023, toujours ancré dans la musique mais vraiment plus homme d’affaire que producteur, il brasse aujourd’hui tellement de choses, avec réussite, que ça le résume bien.

Lors d’une interview Pharrell dira d’ailleurs

« La leçon la plus précieuse que j'ai apprise est que c'est le « business de la musique » … vous devez la connaitre sinon ils vont profiter de vous. Si vous êtes bon en affaires et que vous n'avez aucun goût pour la musique, quelqu'un viendra prendre votre argent parce qu'il sait que vous ne savez pas mieux gérer l’ensemble qu'eux… Si vous connaissez bien la musique mais que vous ne comprenez pas le business, quelqu'un va gagner votre argent parce que vous ne comprenez pas à quoi votre entreprise devrait ressembler » 

Ça explique pas mal pourquoi il a toujours cherché à être un entrepreneur tout en restant un super producer depuis son arrivée dans la musique.

J’ai toujours eu du mal à savoir si Pharrell était quelqu’un qui s’adaptait aux médias ou s’il était lisse et il faut le reconnaitre, c’est souvent le cas dans ses réponses en interviews. La chose dont je suis aujourd'hui certain, c'est que très peu de producteur ont eu un impact médiatique comme lui, surtout des producteurs Rap.

Il est également important de noter un discours quasi unanime chez beaucoup de personnes l'ayant côtoyé ou le côtoyant toujours. Pharrell est une personne bienveillante et ce depuis son plus jeune âge. Absolument tous les artistes qui ont côtoyé Pharrell disent de lui que c’est une des personnes les plus humbles qu’ils ont pu côtoyer.

Pour ne pas me perdre dans mes propos, je vais donner deux exemples qui vont dans ce sens.

Lors de son tête-à-tête avec le producteur légendaire Rick Rubin pour le mag GQ (que je vous conseille d’aller regarder quel plaisir de les voir converser), Pharrell montre une facette de sa personnalité, celle du producteur humble qui sait s’adapter :

« Rick Rubin : Si tu travailles avec un artiste et que tu as une divergence d'opinion avec lui sur quelque chose sur lequel vous travaillez, que se passerait-il normalement ? réponse : Souvent, j'enlève mon chapeau d'ego quand je suis en studio »

Autre anecdote, elle vient du rappeur T.I. lors d’une interview récente pour le podcast de Sharpe Shannon. Le rappeur d'Atlanta explique que lorsqu’il enregistrait des sons pour son 1er album I’m Serious sortie en 2001, The Neptunes étaient déjà des superstars et que leurs beats se vendaient déjà à plus de 100 000$ l’unité… il se retrouve avec Pharrell qui lui dit "écoute j’apprécie ton talent, on va te faire des beats pour ton album" et bien évidemment il ne lui fera pas payer au prix du marché mais avec une sacrée ristourne, de combien ? Il ne le précise pas.

C’est également une des facettes qu’il est important de mettre en avant chez Pharrell, il a toujours essayé de mettre en avant une partie de la culture Rap (mais pas que) lorsqu’il en avait les moyens. Et à la fin n'est ce pas ce qu'il faut retenir ?