The Neptunes Sound - L’incroyable épopée de Chad Hugo x Pharrell Williams : Star Trak Part 2 : Clones x Snoop Dogg

Précédemment :

Partie 1 -> Introduction

Partie 2 -> Ma Rencontre avec The Neptunes

Partie 3 -> Teddy Riley

Partie 4 -> Chad

Partie 5 -> Pharrell

Partie 6 -> N*E*R*D 

Partie 7 -> Star Trak Part 1 (Kelis and The Clipse)

2003, la compilation Clones

Pour prendre définitivement son envol, un label doit proposer quelque chose qui le démarque du marché, les Neptunes vont vite le comprendre et décident durant l’été 2003 de sortir une compilation : Clones, qui présentera leur travail, leur permettra d’assoir un peu le nom de Star Trak Entertainment, le tout sur des morceaux ayant la sonorité si reconnaissable du duo.

Voici l’impressionnante liste des feats, dans l’ordre d’apparition ça donne :

Busta Rhymes, Clipse et Ab-Liva, Ludacris et I-20, Jay-Z, Vanessa Marquez, Nelly, Rosco P. Coldchain Pusha T des Clipse et Boo-Bonic, Snoop Dogg, Spymob, The High Speed Scene, Fam-Lay, Super Cat et Jadakiss, N.O.R.E., Ol’ Dirty Bastard sous le pseudo de Dirt McGirt, Kelis et son époux de l’époque NaS.

La tracklist est composée de morceaux avec des stars, il en faut mais pas que, les Neptunes n’hésitent pas à mettre sur le devant de la scène des artistes bien moins connu afin de leur donner une vitrine qui pourrait leur servir ensuite, avec en général peu de succès pour la suite de leur carrière, malheureusement, en particulier pour Fam-Lay, Ab-Liva ou bien encore Rosco P. Coldchain dont les apparitions sur Clones resteront leur principale fait d’armes.

Lancée en grande pompe avec une communication ultra léchée, portée par le très funky Frontin’ avec un couplet solide de Jay-Z, des bus à leur effigie, des affiches un peu partout, en particulier à Virginia Beach, la compilation fonctionne.

D’emblée le ton est donné, le son est spatial, le Neptunes Sound est bien là, en particulier sur des morceaux comme Light Your Ass on Fire, It Wasn't Us, If ou Pop Shit, d’ailleurs pour ce dernier morceau une vidéo est disponible sur Youtube ou l’on peut voir Pharrell demander à ODB lancer le morceau en mode crooner, si vous ne l’avez jamais vu, foncez, elle est incroyable.

Mettez donc votre ceinture vous ne serez pas spécialement dépaysé, néanmoins le duo tente des choses surtout avec la teinte rock de certains morceaux qui laissait déjà présager la direction qu’ils allaient prendre avec N*E*R*D pour la suite de leur discographie.

Pour ma part, j’ai une mention spéciale pour Hot de Rosco P. Coldchain et Rock n Roll de Fam-Lay ou l’on peut retrouver ces beats minimalistes mais si efficace, comme sur Grindin’.

Dans tous les cas la compilation est une indéniable réussite, surtout qu’elle sort en plein mois d’août et que les morceaux pour la plupart collent parfaitement à la période, c’est efficace et un peu surprenant, pas trop tout de même.  

Ça leur aura permis de se poser en tant que patron de label, capable de produire la totalité d’un projet, de faire jouer leur carnet d’adresse afin d’avoir des couplets de MCs réputés tout en donnant à manger à des proches, la démarche était intéressante à mes yeux, elle ne s’est pas reproduite ensuite, dommage.

En termes de statistiques, Clones finira premier des classements Billboard avec un impressionnant 250 000 copies vendues en première semaine, ce qui est une sacrée performance et montre l’impact vendeur du nom The Neptunes en 2003. Aujourd’hui si on se fie aux certifications la compilation est disque d’or avec plus de 500 000 copies vendues.

On peut donc en conclure que la sortie fut une réussite qui a mis indéniablement Star Trak sur la map. Le tout en étant eux même comme peut le confirmer le DVD Bonus de Clones, la promotion les ennuie, ils font du skate entre deux sessions studios, leur but c’était clairement de kiffer l’instant en faisant de la musique, le reste était secondaire.

Morceaux préférés :

Light Your Ass On Fire / Frontin’ / Hot Damn / If / Pop Shit

Snoop Dogg

On commence un des plus beaux morceaux de leur histoire à mon sens puisque je trouve que l’alchimie entre The Neptunes et Snoop Dogg est assez dingue.

Snoop est une légende, non pas de la Westcoast mais du Hip Hop, il est important de le rappeler, son alchimie avec Dr Dre nous a offert un des plus grands albums de l’histoire : Doggystyle.

Je ne suis pas là pour refaire son histoire compliquée avec Death Row, mais Snoop va commencer son histoire avec les Neptunes pour son sixième album studio : Paid tha Cost to Be da Boss. Il vient de créer son label, Doggy Style Records.

Sa carrière a besoin d’un nouveau souffle et The Neptunes sont à la mode, ce que tout le monde ne voit pas spécialement venir à l’époque c’est l’alchimie qui allait ressortir de ses séances studios. La collaboration commence donc sur Paid tha Cost to Be da Boss sur les morceaux From tha Chuuuch to da Palace et surtout Beautiful qui deviendront tout deux les singles de l’album.

Beautiful reste une des productions les plus marquantes du duo, déjà parce qu’elle est surprenante, que l’alchimie est parfaite, que le clip est incroyable et que Charlie Winston vient ajouter une touche supplémentaire délicieuse sur la fin du morceau.

Mais le point le plus important dans la carrière du duo c’est qu’elle leur permet de gagner un Grammy pour la production de ce morceau, celui du Producer of the Year, Non-Classical.

La machine est lancée, depuis 2002, Snoop et The Neptunes c’est plus de 20 morceaux ensemble dont un album entier, BUSH, très sous-estimé à la vibe printemps / été très bonne. Tout ça pour dire que Snoop est un artiste majeur dans la discographie du duo.

Pour revenir à Star Trak, Snoop a sorti son 7éme album solo R&G (Rhythm & Gangsta) : The Masterpiece sur le label de Chad et Pharrell, afin que ces deux derniers soient en plus producteurs exécutifs.

Sur les 18 tracks qui composent l’album, 6 sont produites par The Neptunes dont le lead single qui là encore sera une des prods majeures du duo : Drop It Like It's Hot.

Morceau surprenant par son minimalisme, il faut croire que The Neptunes ne sont jamais aussi bon avec les rappeurs que lorsqu’ils décident de leur offrir des beats très épurés, Drop It Like It's Hot marque les esprits par son côté entêtant, une boite à rythme très discrète mais efficace avec des bruits de bouches tout le long et un synthé qui vient sublimer le tout à la fin du refrain.

Snoop dira de Drop It Like It’s Hot :

« On pensait que le beat était fini mais Chad est arrivé avec son synthé et

 a totalement changé le morceau avec son synthé à la fin du refrain »

Le morceau finira premier du top 100 billboard, une première dans la carrière de Snoop après 11 années dans l’industrie.

R&G (Rhythm & Gangsta) : The Masterpiece est un album qui avait le cul entre deux chaises, à droite un Snoop qui avait besoin de revigorer sa carrière et qui a compris qu’avec The Neptunes il avait clairement trouvé des compagnons de route parfait avec qui faire un bout de chemin. A gauche, les fans de la première heure qui attendent de Snoop du son Westcoast et pas grand-chose d’autre je pense, ce qu’il sait faire me direz-vous de manière souvent très efficace.

D’ailleurs les deux singles suivant de R&G seront également des prods signées The Neptunes, Let’s Get Blow et Signs feat Charlie Winston et Justin Timberlake.

Avec le recul, je pense que cette collaboration a fait un bien fou au rappeur ainsi qu’à Chad et Pharrell. Se retrouver en studio avec une légende c’est aussi se challenger, ce qu’ils ont remarquablement fait en apportant à Snoop un son qui lui a collé parfaitement, le principal c’est ça.

R&G (Rhythm & Gangsta) : The Masterpiece sera le seul album de Snoop à sortir sur Star Trak et finira en termes de ventes pas loin des 2 000 000 de copies uniquement aux Etats-Unis.

Quoiqu’on en dise, les différentes collaborations entre Snoop x The Neptunes auront été une franche réussite. Pour l’anecdote Snoop racontera durant une une interview au Graham Norton Show que c’est Pharrell qui lui a dit d’être un peu plus « famille » dans ses lyrics, par ex, c'est sur l’un des morceaux de l’album BUSH sortie en 2015 et entièrement produit par The Neptunes que Pharrell lui conseilla de retirer les Hoes (dois-je vraiment traduire ?), du morceau So Many Hoes et d’en faire So Many Pros (pour Professionals) afin de toucher plus de monde !

Morceaux préférés :

From tha Chuuuch to da Palace / Beautiful / Drop It Like It’s Hot / Let’s Get Blown / Pass It Pass It / I’m Ya Dog